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ISABELLE.

Oui, elle est un peu nerveuse ce soir… Voulez-vous bien dire, s’il vous plaît, à Georges de s’occuper des départs sans moi… qu’on ne m’attende pas, qu’il m’excuse.



Scène X


JEANNINE, ISABELLE

ISABELLE, rapidement.

Voyons, Jeannine, pourquoi pleures-tu ? Tes petites amies te cherchaient partout, tu boudais dans ta chambre et maintenant voilà que tu pleures ?… Voyons, réponds, je veux que tu répondes.

JEANNINE.

Je n’ai rien. Laisse.

ISABELLE.

Depuis plusieurs jours déjà, on te voit passer silencieusement dans l’appartement, tu t’enfermes, tu ne réponds plus lorsqu’on te parle… Jeannine, ne prends surtout pas en mauvaise part ce que je dis ; je ne te fais aucun reproche, mais si quelque chose dans mon attitude t’a blessée le moins du monde, si tu souffres, parle. Jamais un doute ne s’est élevé ni ne s’élèvera entre nous.

JEANNINE.

Laisse, je t’assure, je suis fatiguée.

ISABELLE.

Ces jours-ci nous avons été très séparées, c’est vrai… Mais regarde-moi donc chérie. M’en voudrais-tu ? Si tu crois, si tu peux penser seulement que ce mariage doive changer quelque chose à notre vie… Est-ce cela ? Tu ne réponds pas… Est-ce cela ? Jeannine, est-il rien qui puisse venir déranger notre intimité ? N’es-tu pas au-dessus