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GYSÈLE.

Oui… c’est piètre, comme vous dites… Mais maintenant, fini… je m’en vais… je n’ai plus la force !

GENEVIÈVE.

Et ces mots !… les mêmes phrases… les mêmes gestes presque !… Comme c’est curieux tout cela !…

GYSÈLE.

Alors, j’ai écrit à papa… Il y a cinq jours…. (vous voyez qu’à ce moment je ne pouvais pas prévoir cette rencontre) pour voir quel accueil on me ferait à la maison, et si l’on voudrait user d’influence pour me faire engager ministériellement. Voici ce que j’ai reçu (Elle lit la lettre.) « Ma fille, ta mère est prête à te pardonner ; j’ai vu le ministre, hier, et moi, me souvenant des sentiments généreux que ton pauvre grand-père nous a inculqués, je ne mets aucune condition au plaisir de te rouvrir les bras… Post-Scriptum. — Puisque tu es à Monte-Carlo, veux-tu mettre un louis pour moi sur le 26 et un autre sur le 52 ? »

GENEVIÈVE, riant.

Il ne perd pas la carte, monsieur votre père.

GYSÈLE.

Ah ! c’est encore un type… délicieux, celui-là !… (Elle se lève.) Enfin, voilà… voilà…

GENEVIÈVE.

Eh bien, mademoiselle, résumons… Je comprends votre démarche et vous voyez que je n’en suis nullement formalisée. Seulement c’est irrémédiable… Jamais, quoi qu’il arrive, dans quelque embarras qu’il se trouve, je ne retournerai auprès d’André (Appuyant sur les mots), vous entendez, quoi qu’il arrive… C’est enterré…

GYSÈLE.

Alors, tant pis !

GENEVIÈVE, vivement.

Mais si je vous ai écoutée sans vous contredire, je suis loin cependant de penser comme vous… À votre