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Scène IV


GENEVIÈVE, NETCHE.

NETCHE, se levant pour se dégourdir.

Enfin !… J’allais leur proposer de jouer à pigeon-vole… Qu’on est poli en Russie !

(Elle chantonne.)
L’adjudant dit : « Nom de nom,
Bougre, bougre, mon capitaine ! »
GENEVIÈVE.

Taisez-vous ! Si on vous entendait !

NETCHE.

On vous prendrait pour ma dame de compagnie. Ça vous vexerait.

GENEVIÈVE.

Ce bon Félix !… J’aurai plaisir tout de même à le revoir… Avouez que dans toutes ces affaires il a été charmant… si discrètement dévoué… pour toutes ces questions odieuses de notaire… ces formalités indélicates du divorce. J’ai hâte de savoir s’il va nous apporter quelque chose de définitif…

NETCHE.

Je ne blague pas votre caniche… seulement, n’exagérons rien… Il travaillait un peu pour son compte.

GENEVIÈVE.

Oh ! son compte !… Pouvez-vous dire ! Rien n’est moins vrai ! Il sait que je lui suis reconnaissante d’une affection si dissimulée et si intense, voilà tout. Évidemment, il se doute bien aussi que le jour où je me déciderai, le divorce prononcé, et bien plus tard encore, à choisir un compagnon sûr, un ami suivant la formule, pour me voir vieillir, en échange de ces bons sentiments dont se font les amitiés durables, il se doute bien, évidemment, que ce ne sera pas un autre que lui…