Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 2, 1922.djvu/143

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ce matin à huit heures cinquante de Paris. Il n’aurait pas pu recevoir la dépêche.

GENEVIÈVE.

Oh ! puis, mon Dieu !… Il n’y a qu’à faire tout ce que nous pourrons pour éviter une rencontre… D’ailleurs, André est à son théâtre… Nous ne le verrons pas… et ils iront souper avec les acteurs au Café de Paris ou chez Giros… Je connais ses habitudes… Jambon et porto blanc. Je suis venue déjà avec lui à Monte-Carlo pour la représentation de son Étau.

NETCHE.

Avouez que ça ne vous a pas été autrement désagréable de l’apercevoir sur le Grand Rond ce matin. Croyez-vous vraiment qu’il ne nous ait pas vues ?

GENEVIÈVE.

Non… Il était là avec toute sa troupe… Je ne sais si c’est parce que j’en ai perdu l’habitude, mais j’ai trouvé cela d’un lugubre !… Il avait l’air de faire partie d’une tournée de province… Il portait un chapeau mou marron désastreux…

NETCHE.

Ça vous a impressionnée tout de même, dites, de revoir son joli petit museau en sucre rose.

GENEVIÈVE.

Pas le moins du monde !… Tenez…

(À ce moment, entrent, venant du couloir du fond, Gysèle Dartier et Bouyou chapeautées, accompagnées de l’acteur Voiron. On voit qu’ils passent intentionnellement par là pour Geneviève. Ils se dirigent vers la table aux journaux, de l’air de chercher un journal. Avant de sortir, les femmes, en même temps, jettent un coup d’œil sur Geneviève ; Bouyou, avec un peu d’insolence, affecte de siffler un air favori ; Gysèle, très simple, un peu timide. Ils restent debout, comme des gens qui ne font que traverser.)