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et supérieur, tenez… si vous saviez la lamentable puérilité de ce qu’il a trouvé à dire !… C’est un pauvre grand gosse, après tout…

(Elle va sortir.)
ANDRÉ, lui tendant la lettre de loin.

Ceci t’appartient.

GENEVIÈVE.

C’est juste… (Elle la prend, puis, bas, à Félix, en passant.) Silence !

FÉLIX, de même.

C’est juré.

GENEVIÈVE, à la porte, toujours à voix basse.

Je pars tranquille. Le blé est bien semé : il va pousser. (Elle se retourne pourtant vers André, à la dérobée.) En partant, Félix, tout de même si je pouvais l’embrasser sans qu’il le sache !…

(Elle sort.)


Scène XII


ANDRÉ, FÉLIX.

ANDRÉ, qui les a regardés converser à voix basse.

Elle vient de te dire ce qui se passe ?

FÉLIX, d’un air lassé à l’avance.

Non. Elle m’a dit seulement en sortant : « Il arrive des choses. » Quelles choses ?…

ANDRÉ, changeant de ton — prenant le ton d’un homme.

Ah ! mon vieux, ce qui arrive ?… un bouleversement dans ma vie, incroyable, in-cro-yable !… Tu m’en vois encore tout abasourdi…

FÉLIX.

Quoi ?

ANDRÉ.

Imagine ce que tu peux trouver de plus invraisemblable, de plus inattendu… la chose qui nous eût semblé, il y a une minute, la plus inconcevable !