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VALGY.

Merci. Je le connais encore pour aujourd’hui… mais je vous certifie, mon cher, que, demain, je l’aurai oublié.

(Elles sortent maladroitement, gauchement, comme elles peuvent.)


Scène VI


ANDRÉ, GENEVIÈVE.

ANDRÉ, après avoir refermé la porte.

Oh ! je te demande pardon, Geneviève… je t’expliquerai… C’est imbécile ! Je ne peux pas te dire à quel point je suis navré de te voir faire du chagrin pour une stupidité pareille… Écoute, quand tu sauras ! C’est ridicule… si bête que je n’ose même pas te l’expliquer… Une plaisanterie de fille, dont je suis tout honteux… Voilà… c’est une imbécile histoire de vaccin…

GENEVIÈVE.

Tais-toi ! Tais-toi !

ANDRÉ, continuant.

Celle fille, figure-toi, a imaginé par ce temps d’épidémie…

GENEVIÈVE.

Tais-toi… Laisse… Ça n’a pas d’importance… Si tu me vois un peu plus émue que de coutume, c’est à cause de certaine coïncidence… Sans quoi, rassure-toi, le cœur de ta servante ne défaille pas plus aujourd’hui que durant huit ans de silence !… J’en ai vu d’autres ! Ce n’est pas que ta maîtresse fasse ici comme chez elle, comme chez vous… Pendant huit ans nous avons eu des mystères de ce genre entre nous et jamais deux mots de plainte ne sont sortis de nos lèvres… Ce n’est donc pas pour semblable détail que mon cœur éclaterait… Non, laisse, te dis-je… c’est une coïncidence