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pos de la villa ; eh bien ! je ne sais quoi dans sa présence m’a fait presque frissonner. C’était pourtant un simple passant, et il avait l’air de venir aussi pour me prendre ! Instinctivement, j’ai été obligée de baisser les yeux… Oh ! sans doute, c’est une obsession, je perds un peu la tête… Moi aussi, je deviens malade, Max… Ma sensibilité est atteinte… le printemps est lourd, cette année… la vie aussi est pesante… Vous m’énervez tous ! Je voudrais la paix… fuir… je ne peux pas… C’est l’heure, voilà… c’est l’heure !

MAX, (résolument.)

Eh bien, je te garantis que cette heure m’appartient… Je serai le vainqueur et je t’aurai le premier.

JESSIE.

Mais non, et ton petit chagrin, va, s’envolera bien vite !… Ah ! pourquoi es-tu venu troubler la soirée que je voulais passer à réfléchir ? Tu précipites l’événement au lieu de l’éloigner… Je n’avais qu’un moyen d’y échapper : le recueillement… Que tu es bête !… Tiens, voilà nos mères… je te prie de te maîtriser ; elles ne savent rien de nous. Et ce n’est pas le moment de te trahir. Vite, arrange tes cheveux… tu es tout ébouriffé !

MAX, (à voix basse.)

Jessie ! Ah ! Jessie ! Je ne sais pas ce que je ferai, mais je me sens capable de toutes les folies.

JESSIE.

Attention ! (Allant au-devant des deux femmes et leur parlant de loin.) Eh bien ! quoi, déjà revenues ?

BIANCA, (de loin.)

Oui, l’agence était fermée. Ce sera pour demain, j’ai laissé un mot.