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venu, je te prie simplement de t’en retourner à tes chères études…

MAX.

Oh ! toi… toi !… Tu ne m’aimes plus ! Il n’est pas possible que tu m’aies jamais aimé !

(Il s’assied et se prend la tête dans les mains.)
JESSIE, (s’approchant tout à coup derrière lui et doucement.)

Ne te fais donc pas de chagrin… Tu sais bien au contraire que je t’aime, que je t’ai aimé… beaucoup… Tu n’es pas seulement toi, tu es toute notre enfance… tout ce qui a été doux, heureux dans la vie… Tu es mêlé aux souvenirs du jardin, du soleil sur les géraniums… (Elle l’attire contre sa poitrine.) Tu es le petit, le cher petit qui m’as serrée dans ses bras en jouant dans le foin frais et qui m’as donné le premier baiser… Cela ne s’oublie pas !

MAX.

Mais toi, tu es toute ma vie, Jessie, toute… Voyons, sérieusement… tu ne peux pas attendre que j’aie passé mes examens… J’ai pris mes inscriptions avant-hier. Mes examens d’admission sont en octobre, et à ce mom…

JESSIE.

Je t’ai laissé croire à cette possibilité, parce que tu étais tendre et aimant, mon joli… et que je ne voulais pas te faire du chagrin… Mais, en mettant les choses au mieux, quel avenir sera le tien avant une dizaine d’années ?

MAX.

Ça dépend !

JESSIE.

Ah ! la misère à deux, non ça, jamais ! J’ai acquis le dégoût de la pauvreté… Je veux toute