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BIANCA.

Tenez, je vais vous montrer ça… en bordure de l’escalier… juste devant la maison.

(Ils ressortent sur la terrasse ; elle explique du geste.)
JESSIE, (inquiète, au duc.)

J’avoue que je ne comprends plus. Vous partez ?

LE DUC.

C’est la meilleure solution. Vous m’avez fait tout à l’heure des reproches qui m’ont été sensibles et que j’ai trouvés justifiés.

JESSIE.

Je ne prétendais pas non plus vous éloigner.

LE DUC.

Le programme est changé. Je vais passer chez moi, mettre un smoking… Je dînerai seul dans un restaurant quelconque, après quoi, je terminerai ma soirée en flânant au théâtre. Voilà pour moi…

JESSIE.

Et pour moi ?

LE DUC.

Pour vous ?… Eh bien, je laisse à votre porte l’auto dans laquelle je comptais vous emmener. Vous la renverrez si vous le désirez. Sinon, elle attendra votre bon plaisir, aussi longtemps qu’il vous plaira… Réfléchissez et, la nuit venue… plus tard même… donnez l’ordre au chauffeur… Quand je rentrerai à minuit chez moi… si je vous trouve là, je serai le plus heureux des hommes. Si je ne vous trouve pas, respectueusement, sans mélancolie comme sans rancune, j’attendrai l’heure de votre fantaisie… l’heure que vous aurez choisie, entre toutes, pour faire à un pauvre homme un don aussi précieux que l’on ne saurait trop mériter…