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prétendre à un meilleur avenir, plus régulier en tout cas, que celui que je lui apporte.

BIANCA.

Qui sait ? Peut-être un jour lui donnerez-vous votre nom. Laissez-moi l’espérer, du moins… Quand vous apprécierez sa valeur… C’est un petit être exceptionnel… Elle réservait sa liberté pour qui lui conviendrait un jour, car, vous n’en doutez pas, elle est sage, absolument sage, dans le sens le plus rigoureux du mot.

LE DUC.

Je le sais. C’est une des raisons de mon inclination. Ce n’est pas la seule, mais cette considération entre pour beaucoup dans le désir que j’ai de m’attacher à elle. J’ai calculé toute l’étendue de mes responsabilités, allez. Et s’il ne tient qu’à moi…

BIANCA.

Oui, évidemment… je comprends ce que vous voulez dire ! Il y a l’aléa…

LE DUC.

La casse. Sans quoi, ce serait trop commode de vieillir et d’être riche !

BIANCA.

À vous de veiller au grain ! Je vous donne, le coeur bien tremblant, une enfant digne d’un homme admirable. La femme est ce que l’homme la fait. Ne la gâchez pas, ne la diminuez pas et elle vous sera probablement fidèle.

LE DUC, (riant.)

Vous ne vous engagez pas trop ! Je vois avec plaisir que vous pouvez être mère sans altérer pour cela le jugement de la femme. Je vous en félicite.