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riage, il n’y a que l’écart d’une convention, d’une cloison de papier.

(Il prend un papier sur la corbeille à ouvrage.)
BIANCA.

Exactement, duc.

LE DUC.

Eh bien, déchirons la cloison, chère Madame Cordier… faisons-en une boulette et mettons-nous de plain-pied.

BIANCA, (lui reprenant le papier.)

Eh !… s’il vous plaît, c’est un patron !

LE DUC.

Excusez !… Ah ! la vraie boulette, elle est faite depuis fort longtemps !… Ç’a été mon mariage, la boulette ! Parlons-en ! J’étais trop jeune, sans doute… Ma femme m’a rendu assez malheureux… Nous avons vécu séparés… Espérons que, vingt-cinq ans après, l’illégalité m’apportera les joies que la légalité m’a refusées.

BIANCA, (avec un soupir.)

Cette illégalité que je redoutais tant pour ma pauvre petite Jessie et qui n’a pas été non plus mon lot.

LE DUC.

Ne regrettez pas le mariage, brrou ! Quelle caillasse ! Il y a de tout, là-dedans.

BIANCA.

Si elle avait voulu, pourtant !… Bien des partis se sont présentés, fort acceptables… très… honorables…

LE DUC.

Mais je n’en doute pas… Je sais qu’elle pouvait