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PAUL.

Ça ne va pas tout seul, ma pauvre maman ?

JEANNE.

Comment le sais-tu ?

PAUL.

Parce qu’en entrant dans la galerie, j’ai entendu un silence de mort. Je me suis dit : « Tiens, est-ce qu’ils se seraient tous bouffés, par hasard ?… » Puis j’ai pensé que ma gosse avait décanillé à la douce, telle que je connais sa timidité… Alors, j’ai ouvert la porte et je te vois là, seule, effondrée, avec une figure, comme si tu attendais ton tour chez le dentiste !

JEANNE.

Ils sont là, à côté. Le jury discute… Mais je tiendrai, Paul… mon gas !

PAUL.

Tu souffres à cause de moi, hein, maman ? Je te l’avais bien dit, quand je suis venu te chercher aux Deux-Magots. J’avais eu le temps de la réflexion et, passé l’escalier, je ne me faisais plus d’illusions !

JEANNE.

Oh !… Il fait tout ce qu’il peut ! Ce n’est pas lui.

PAUL.

Eh bien, alors, le pauvre homme ! Faire ce qu’on peut, c’est déjà beaucoup. Il doit suer sang et eau !

JEANNE.

Le fils, lui, bluffe. Mais elle, si tu l’avais enten-