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là-dessus. Lorsqu’ils sauront que vous êtes vivant, ils n’hésiteront pas une minute !

PAUL, (avec émotion, en balbutiant.)

Vrai ?… Ah ! ça c’est bien ! C’est bien, vous savez… Ce que vous êtes chic !… Je n’aurais jamais cru !

LEVASSEUR.

Et tout de suite encore… Je vais leur annoncer votre résurrection. Il faut profiter de notre émotion pour régler toutes ces choses. Nous allons prendre nos déterminations. Votre mère elle-même doit être consultée et avertie. Il y a des formalités nécessaires. Vous allez me la chercher tout de suite. Au grand jour ! au grand jour !

PAUL, (prenant précipitamment sa canne et son chapeau qu’il avait posés sur le bureau en entrant.)

Ma mère ?… Elle n’est pas loin… Elle est au carrefour de Buci, au café des Deux-Magots, où nous avons cassé la croûte. Elle m’attend, et avec anxiété, vous pensez… Ah ! la pauvre femme, ce qu’elle va être contente… C’est pour l’idée, et le sentiment, n’est-ce pas, plus que pour la chose elle-même… Voulez-vous que j’y coure tout de suite ?

LEVASSEUR.

Comment donc ! Qu’elle soit là dans un quart d’heure exactement.

PAUL.

Je ne me le fais pas répéter deux fois. Ah ! je ne peux pas vous dire… Je ne trouve pas les mots… Mais plus tard… Allez, ça viendra ! Sur le moment, n’est-ce pas ? on a des pudeurs stu-