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BLEUETTE.

Mais la mère de ce garçon vit toujours ?… Philippe ne m’en a parlé que très vaguement.

(Philippe, de loin, fait signe à Bleuette de se taire.)
MADAME LEVASSEUR.

Ah ! par exemple, là, je vous arrête. Je vous prie, ma chérie, de ne pas évoquer ce souvenir devant moi. Vous m’offenseriez.

BLEUETTE.

Oh ! Madame, je ne voulais pas… croyez-le…

MADAME LEVASSEUR.

La mère n’avait aucune espèce d’intérêt, ni d’importance. Je puis bien vous le dire, une malheureuse fille sans dignité, un « vibrion », comme on disait de mon temps.

BLEUETTE.

Ah ! on appelait ça un vibrion ?… Maintenant, on dit…

LEVASSEUR, (les interrompant.)

Mes enfants, mes enfants… je vous en prie !… Vous remuez tout ça à la pelle ! Si vous vouliez bien parler d’autre chose !… La guerre nous a appris à piétiner les convenances, je veux bien, mais, tout de même, à force de piétiner, vous n’avez pas l’air de vous douter que vous me marchez sur les pieds avec une de ces sérénités !… Si nous parlions un peu moins du passé et un petit peu plus de l’avenir ?… Hein !… si nous parlions de ces deux gamins-là… Alors, voyons… Avez-vous décidé la date fatidique… ? À quand la convention du mariage ?

(Il les prend chacun sous un bras.)