Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 12, 1922.djvu/27

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

francs… et avec cette ignorance de tout qui te caractérise.

BIANCA.

Au moins, je suis jugée. Tu m’agaces, tiens, laisse-moi tranquille.

JESSIE, (riant.)

Figurez-vous, Monsieur Joussaud, que l’autre jour elle est revenue de chez vous en me disant que vous lui aviez parlé de la nécessité de faire analyser sa signature.

JOUSSAUD.

Hein ?… Quoi ?… Avaliser, sans doute ?

BIANCA.

Eh bien ! ça n’avait rien de si absurde ! Ce sont des termes techniques. Je croyais qu’il s’agissait d’une expertise… je ne sais pas, moi !

JESSIE.

Quand on a cette candeur-là on ne s’aventure pas à jouer à la Bourse. On prend des livrets de Caisse d’épargne !

BIANCA.

Je voulais augmenter mes rentes et te donner un peu de luxe. Est-ce un crime ?

JESSIE.

Allons, ne pleure pas ! Pas de larmes. Ne nous offrons pas, en tout cas, ce luxe inutile. Nous avons pris notre parti, toi et moi. (Tout à coup.) Et si elle mettait cet argent en viager ?

BIANCA.

Jamais de la vie ! Tout ce que je possède doit te revenir plus tard…

JOUSSAUD.

Et puis votre maman est bien jeune. Elle a heureusement une admirable santé.