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à la minute. Vous avez dû le croiser en route sans l’apercevoir.

MANEUVRIER.

Non. Je le quitte à l’instant et c’est sur sa demande que je suis monté.

JEANNE.

Il a oublié quelque chose. Ah ! il n’en fait jamais d’autre. Il est si distrait !

MANEUVRIER.

Non, Mademoiselle. Je désirerais avoir un entretien particulier avec vous.

JEANNE.

À quel titre, Monsieur ?

MANEUVRIER.

Ne vous étonnez pas. Je vous ai dit que j’étais un ami de Gabriel. C’est exact. Mais en réalité, je pourrais l’appeler mon élève, bien que je sois son aîné de cinq ou six ans à peine. Je suis répétiteur au collège Janson, c’est vous dire que je lui donne des leçons particulières. Et il se crée souvent entre l’élève et le répétiteur, à cause de leur mince différence d’âge, une familiarité affectueuse. En dépit de cette intimité, celui qui est l’aîné conserve le rôle de conseilleur, ou, comme nous disons, de mentor.

JEANNE.

Je comprends. Ce sont des reproches que vous venez me faire.

MANEUVRIER.

Des reproches ! oh ! non, Mademoiselle, pas le moins du monde… Nous sommes appelés à nous