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en plusieurs actes. Trois stades différents d’une vie humaine, trois étapes. Je pourrais mettre ces sous-titres aux trois tableaux : la Chair qui naît, la Chair qui saigne, la Chair qui renaît. Il ne s’agit donc pas d’une coupe habituelle. Pour une fois, j’ai voulu rompre avec la situation dramatique — exposition, développement et dénouement. Excellente occasion (je la souffle complaisamment aux intéressés) d’écrire des choses de ce genre : « M. Bataille ignore que les lois rigoureuses de l’intérêt scénique proscrivent ces éparpillements, dont le plus clair résultat est de nous empêcher de nous intéresser à quoi que ce soit, même à aucun personnage. Nous sommes déroutés, etc. » Que voulez-vous, mon rêve constant, à moi, dans un métier que, par ailleurs, je connais assez bien, c’est d’apporter le plus d’espace, de prolongement, d’universalité possible… Ah ! crever les portants !… Y parviendrai-je jamais ?…


GUERRE ET APRÈS-GUERRE

Je ne dissimulerai pas plus longtemps que le personnage principal de la Chair humaine est symbolique. C’est l’Hostie, l’hostie de l’immolation, la chair inutile, obscure, répudiée et tout à coup souveraine… Je ne dissimulerai pas non plus que, dans ces trois petits panneaux du triptyque, dédiés à Jacques Bonhomme, il est question de la guerre et de l’après-guerre. Le peintre a reproduit en raccourci quelques physionomies d’époque, qui n’ont pas des caractères généraux, mais sur la vérité et l’évidence desquelles il est impossible de ne pas se mettre d’accord, car le théâtre