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LA CHAIR HUMAINE




Je suis très heureux du succès que fait à la Possession le grand public, toujours si finement, si profondément compréhensif et qu’aucune obstruction ne détourne de la sincérité et de l’humanité, mais, je le disais à cette place, si le succès ne se fût pas produit, je n’en aurais été ni autrement surpris ni autrement ému. J’envisageais l’éventualité qu’un tel sujet (de ceux qu’on peut ranger, selon la classification de Bernard Shaw, parmi les sujets déplaisants, avec son étude de mœurs particulières et son absence de personnage sympathique) n’intimidât l’opinion, et j’indiquais les raisons impérieuses qui m’avaient néanmoins déterminé à produire une composition que je ne pouvais rayer plus longtemps de mon programme.

Des causes moins rudimentaires et de meilleur aloi ont provoqué la faveur du public. C’est tant mieux ; mais ce que je disais à propos de la Possession, je peux, pour de tout autres motifs, le redire à propos de la Chair humaine. Il est possible que les spectateurs ne trouvent point, dans cette sobre comédie dramatique, d’éléments suffisants de curiosité. Cette opinion me paraîtrait tout à fait légitime, et je n’ai rien fait en tout cas pour l’éluder.

Il faut continuer sa route, écrire ce que l’on