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SERGE.

Respectueusement, oui, voilà le mot, le seul mot dont je désire que vous vous souveniez, Jessie !… Vous n’aurez plus à me chasser une autre fois… Je pars… oui. J’emporte la honte de quelques faiblesses : c’est la seule que j’éprouve… Je n’ai pas honte d’avoir cherché à vous porter secours… Mais il était écrit que cette famille devait, hélas ! vous marquer d’opprobre ou de malheur… Elle disparaît enfin de votre vie… Soyez soulagée… Oubliez jusqu’au nom de ceux qui vous ont fait du mal pour vous avoir beaucoup aimée, et qui s’en vont… (Il fait quelques pas vers la porte. Il se retourne vers son père, prêt, lui aussi, à franchir le seuil.) Et qui s’en vont, Jessie…

(Il sort lentement en laissant exprès les battants de la porte ouverts.)


Scène IX


JESSIE, CHAVRES

CHAVRES.

Il n’y a déjà plus qu’une voix dans la chambre !… Une voix. (Un sanglot déchirant de Jessie.) Et vos larmes, vos pauvres larmes désolantes !… Dans quelques secondes, il n’y aura plus qu’elles, lorsque ce vieil homme très bon, je vous assure, et sans rancune, se sera retiré.

JESSIE.

Oui, j’ai été cruelle avec vous… Je vous demande pardon de la peine que je vous ai causée. Pardon de ma méchanceté… J’ai ressenti tant de remords vis-à-vis de vous, qui n’aviez eu que des bontés pour moi…