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thèse. Le reste est littérature — c’est-à-dire ne concerne plus du tout le théâtre !

Certes, en procédant de cette manière, je puis faire fausse route, mais on conçoit que, dans ces conditions, le facteur « succès » ne soit pas la raison qui détermine le choix de tel ou tel sujet. Ceux qui obéissent à une méthode de ce genre sont résignés, par avance, à ce que telle pièce porte moins que telle autre sur le public, et j’ai été, par exemple, tout le premier, étonné que L’Homme à la Rose connût une carrière presque égale à celle de La Tendresse, alors que je n’attendais guère plus d’une vingtaine de représentations.

Bernard Shaw a bien compris cette fatalité du sujet, et il a très heureusement divisé ses productions en deux catégories : pièces plaisantes et pièces déplaisantes.


LE DRAME DE LA JEUNESSE

Je ne veux point préjuger ici dans quelle catégorie il faudrait placer La Possession. Le public en décidera. Il est un fait certain, c’est que je devais écrire cette pièce. Pour quelqu’un qui étudie les manifestations de l’amour dans les consciences, il n’était pas possible d’éluder un sujet aussi fondamental, aussi « vital », si j’ose m’exprimer ainsi. Je me réservais de l’écrire quelque jour et il faisait partie de mon programme. Il vient à son heure.

Qu’est-ce que La Possession ? Oh ! c’est bien simple !

C’est, sous son aspect moderne, dans sa vérité d’aujourd’hui, mais réduit aux lignes essentielles,