Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 12, 1922.djvu/137

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mes ennuis d’un baiser ! C’est ma récompense à moi… (Elle s’assied sur le canapé, dans une pose volontairement voluptueuse.) Et je te tends les bras. L’heure est belle. Non ?… tu boudes ?…

MAX.

L’heure n’est pas belle, Jessie ! L’heure est grave !

JESSIE.

Il n’y a pas d’heure grave tant qu’on s’aime… C’est toi qui l’as dit… Méchant !… Ah ! j’étouffe dans ce costume ! (Étendue, elle s’étire, elle minaude gentiment, railleuse et lascive.) Aide-moi à me dégrafer dans le dos… Tu ne veux pas !… Vous étiez plus amoureux et plus languide sous ce manteau, mon joli. (Elle prend le manteau à côté d’elle.) J’ai votre ombre à côté de moi… Faudra-t-il aimer une ombre ?…

MAX, (tout à coup, n’y tenant plus, s’élance, lui arrache le manteau des mains.)

Ou une réalité !

JESSIE.

Ah ! je savais bien que tu viendrais !

(Au moment où il l’étreint, la porte s’ouvre violemment. Entre Passerose. Passerose est une petite femme blonde, ébouriffée, au visage botticellique et aux mains menues.)


Scène IV


JESSIE, MAX, PASSEROSE

PASSEROSE.

Joie… joie… joie ! La veine ! Ah ! mes enfants !

(Ils se lèvent.)