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SERGE, (pose sa canne.)

Alors… mon dieu, que c’est amusant tout de même !… alors vous n’étiez que deux petits amoureux qu’une vilaine aventure sépare ? Vous vous aimez depuis toujours ?… Contez moi ça… Vous voyez, je me radoucis…

MAX, (prenant confiance à ce ton de voix nouveau.)

Oui, c’est l’histoire banale… Vous venez de la retracer en quelques mots… Comprenez-vous maintenant ma folie, même si vous ne l’excusez pas ? Car elle aussi m’aime. Nous nous aimons et…

SERGE, (éclatant de rire.)

Arrêtez, cocher !… Vous allez conjuguer tout le verbe aimer ! Si vous vous voyiez en ce moment !… Ah ! vous n’avez pas l’aspect de criminels !… Vous avez plutôt l’air de deux enfants accablés qui se boudent… Car, vous aussi vous êtes haute comme ça, Mademoiselle, malgré vos grands airs ! (Jessie et Max, plus rassurés, se mettent prudemment à sourire. Tout à coup et brusquement.) Mais voulez-vous bien me ficher le camp tous les deux !… Et plus vite que ça !

JESSIE.

Monsieur !

MAX.

Quoi ? Je n’ose pas comprendre.

SERGE.

Mais bon sang de bon Dieu, c’est ce garçon-là qui a mille fois raison !… Un peu louf, téméraire, tout ce qu’on voudra… il vient tout de même de pousser un joli cri d’amour, savez-vous ! Mais, oui parfaitement ! En face du désir libertin et vieilli il y a les droits de la jeunesse… J’ai toujours été