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tueux tout de même, mais je ne déteste pas ça !… Alors ce serait vrai ? Ce serait… ah ! non ! pas possible !… l’innocence… le Rubicon ?… Vous ne cherrez pas quelque peu, mes enfants ? Alors cette petite demoiselle Cordier que j’ai vue cet après-midi avec son ruban dans les cheveux…

(Il s’arrête. À ce point de suspension. Jessie répond par hochement de tête.)
JESSIE.

Je vous en prie, Monsieur ! Après un pareil aveu, je sens que je vais avoir à souffrir mille railleries de votre part.

SERGE.

Eh bien, vrai !… C’est un as, papa !… Mais c’est tout de même dégoûtant ce qu’il allait faire là !… Comment, je croyais venir à son secours, parer quelque vilain coup monté et je tombe en pleine idylle contrariée !… (Se rapprochant d’eux, mi-blagueur et mi-curieux, en faisant des moulinets avec sa canne.) Car c’est une idylle… une idylle et voilà tout… mieux, une fable… « Deux gamins s’aimaient d’amour tendre, un loup survint à jeun qui cherchait aventure. » Et le loup, c’était mon père, mon saint père qui s’amuse à piétiner ces plates-bandes idylliques avec ses gros souliers à clous et à talons rouges !… Aimez-vous les histoires ingénues, m’sieurs dames, nous en vendons !

JESSIE.

Je sais que j’ai acquis tous les droits à votre moquerie… Considérez pourtant que je suis là, impuissante devant vous, couverte de confusion…

MAX.

Épargnez-la… Monsieur…