Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 12, 1922.djvu/117

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

seuil d’une garçonnière… Subitement, avec des camarades, il s’est monté la tête et…

MAX, (s’avançant.)

Et j’ai tenté, par n’importe quel moyen, la persuasion ou le scandale, d’empêcher que la jeunesse encore intacte soit flétrie, gâchée pour avoir, un soir, servi de passe-temps à un amateur de primeurs plus ou moins blasé… J’ai tenté que cette petite n’aille pas se livrer sans amour à cette misère et ne devienne pas demain une recrue de la noce parisienne… J’ai…

JESSIE, (essayant de le faire taire.)

Max !… Max !… Veux-tu, à la fin !…

SERGE.

Laissez… Ce n’est pas pour moi !…

JESSIE.

Quel fou !… Qu’il s’en aille, chassez-le ! Je ne veux plus l’entendre !

MAX.

Et, en venant, moi qui l’aime, mais qui, en effet, ne suis pas son amant, essayer de l’arracher à cette prostitution-là, j’ai peut-être agi comme un enfant écervelé, vous avez toutes les raisons de me trouver ridicule, je vous l’accorde, grotesque même… mais ça m’est égal !… Ce qui prime, voyez-vous, c’est la sincérité et la nécessité de sauver ce qu’on peut sauver !… C’est raté, tant pis ! Vengez-vous ! Si j’ai dépassé les bornes de l’impudence, allez-y… calottez ce garnement qui restera sans sourciller, les bras croisés, et qui s’en fout !…

(Il se poste dans une attitude de défi et la tête haute.)
SERGE.

Eh, eh ! Il a du cran, le petit !… Un peu toupé-