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tresse, tu as été mon premier amour… Rien ne peut nous enlever ce trésor-là !… Embrasse-moi !… (Il lui saute au cou.) Puisque je t’affirme qu’il sera à toi, ce visage, mon joli… qu’il sera à toi, ce corps, à toi seul !…

MAX.

Oui, l’avenir, l’avenir ! Je n’ai pas confiance dans ce type-là… Il a de la barbe au menton ! Tout de suite… tout de suite… Au secours, Jessie !

JESSIE.

Essuie ton front en sueur !… Tes beaux cheveux sont tout en désordre… Tu es dans un état !… (Elle lui essuie le front avec son mouchoir. Subitement, avec rage.) Tiens, cette idée que tu es là, toi, le souffrant, le désespéré… toi, le pauvre… Ah ! ce qu’ils me feront payer tes larmes !… Mon gosse, si c’était possible, si c’était seulement possible !… Mais ça ne l’est pas… Allons, prends ton chapeau !… Ne fais pas de mal à ta pauvre Jessie qui te pardonne et que tu tortures !… Je t’en conjure, va, et laisse là cette femme sans courage à qui tu voulais apporter l’amour et à qui tu n’as apporté que le désespoir !

(La porte de gauche s’ouvre brusquement et Serge, en habit, la canne à la main, apparaît, suivi du maître d’hôtel.)


Scène IV


JESSIE, MAX, SERGE, ÉMILE

SERGE.

C’est bien ça !… Je m’en doutais !… Il me paraît que nous sommes en pays de connaissance… Du diable si j’aurais supposé, chère Mademoiselle,