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JESSIE.

Réfléchis une seconde, tu comprendras que tu t’es lancé dans une équipée perdue d’avance !… Tu vois, je ne me fâche plus… Là… je raisonne. Tu es encore accessible à un raisonnement, hein ? Voyons, si tu t’entêtes à rester ici, tu ne vois pas que tu vas être acculé à un camouflet ridicule ?…

MAX.

Et après ?

JESSIE, (avec précaution, la voilà qui s’approche de Max, essaie de sourire pour le calmer, et lui parle comme à un bébé rageur.)

Il faut avoir dix-huit ans pour se lancer à corps perdu dans un enfantillage aussi romanesque !… Avec deux sous de bon sens, tu comprendrais qu’un plan comme celui que tu as conçu ne s’exécute pas ! Mais qu’est-ce que tu voulais réaliser au fond ?… J’avoue que je ne comprends pas !… M’enlever ?… Vivre avec toi ?

MAX.

Parfaitement !

JESSIE.

Mais nous l’avons envisagé cent fois !… C’est un compte réglé !… À moins que tu aies gagné une fortune cet après-midi… As-tu gagné une fortune ?

MAX.

Je n’ai rien… absolument rien et je t’enlève tout de même !

JESSIE.

Oh ! Max… quelqu’un qui t’entendrait !… C’est bouffon ! Tu m’aimes et tu prétendrais gâcher ma vie, mon avenir, me condamner à la misère !