Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 11, 1922.djvu/76

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’imagination, vous croiriez voir Don Juan lui-même.

ISABELLE.

Don Juan était inimitable… même par la nature qui ne recopie pas ses chefs-d’œuvre…

DON JUAN, (à part.)

Quelle intelligence !

ALONSO.

Qui sait !… Tenez… regardez… ne serait-ce que par curiosité !

ISABELLE.

Où ?

ALONSO.

Devant vous ?

ISABELLE.

Celui-là ?… Mais il n’a aucun rapport, Monsieur !

ALONSO.

Quoi ?…

ISABELLE.

Aucun !… Quelle pauvre copie !… Don Juan avait une bouche délicieuse… Et ses yeux Monsieur !… Rappelez-vous ses yeux, arcs de triomphe au coucher du soleil !… Vous me présentez la simple caricature d’un demi-dieu !… Votre ami ressemble à Don Juan comme le vinaigre ressemble au vin !…

ALONSO, (à voix basse.)

Combien y a-t-il de temps que vous n’aviez revu… cet inestimable seigneur ?

ISABELLE.

Je ne sais plus ! Un jour, ou dix ans !

(Nouvel échange de gestes entre Don Juan et Alonso, plus accentué.)