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MARTHE.

Oh ! des paroles comme celles-là, comment voulez-vous qu’elles ne vous fendent pas le coeur ?… Et vous dites ça si simplement… si pauvrement… Oh !

(Un brusque sanglot lui bloque la gorge.)
BARNAC.

Ne nous laissons pas aller à l’émotion du passé… Évitons les paroles inutiles… Donc… (Il tousse et à son tour, ne peut plus parler.) Quel bête de rhume !… La vilaine toux ridicule !…

MARTHE, (allant à la table sur laquelle elle a aperçu une tasse.)

Voulez-vous prendre quelque chose ?…

(Elle saisit vivement la tasse pleine.)
BARNAC.

Merci…

(Elle la lui a tendue. Il l’a prise. Elle se détourne parce que les sanglots reprendraient.)
MARTHE, (s’excusant.)

Ce geste ! Je l’ai fait tant de fois, ce geste de vous apporter la tasse de thé… Alors, n’est-ce pas ?…

BARNAC.

Oui… les mêmes gestes avec l’âme en moins… Des gestes dont on sait qu’ils ne se prolongeront pas… C’est la caricature de notre passé.

MARTHE.

Et pourquoi la caricature ? Moi, il me semble que nous nous sommes quittés d’hier !… Cette chambre a beau avoir été bouleversée… aucun