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MARTHE, (la prend. De plus en plus amusée.)

Oh ! que c’est mignon !… Une gentillesse qui console de bien des mufleries !… Et il rougit en disant ça, comme sur le trottoir de… de quelle rue, déjà ?

LE JEUNE HOMME.

Avenue Victor-Hugo…

MARTHE.

Mazette !… (Elle le détaille du regard avec plus d’attention. Sa mise est un peu négligée, mais le col et le veston sont serrés à étouffer, pour obtenir la ligne classique du jeune homme à la mode. Les cheveux rejetés en arrière, la peau claire, les yeux brillants.) Je ne m’étais pas trompée… C’est vrai que vous avez de très jolis yeux… avec des cils retournés… (Du doigt, elle fait le geste.) Eh bien quoi ?… Voilà que vous rougissez encore plus !… C’est une simple constatation, vous savez… sans importance… (Il baisse d’abord les yeux et la tête, puis, dans une grande résolution, voici que, maintenant, il la regarde avec assurance.) Eh bien, au moins, on peut dire que vous changez rapidement de manière, vous !… Vous soutenez le regard avec crânerie… (Sévère.) Alors ?… C’est fini, hein ?… (Il obéit et rabaisse les yeux.) À la bonne heure !… Tenez, passez-moi l’album ; je suis bon prince… Je vais vous écrire une pensée.

LE JEUNE HOMME.

Oh ! je vous remercie bien, Mademoiselle ! Vous êtes trop aimable.

(Elle prend une chaise près du bureau et désigne au jeune homme un siège éloigné.)
MARTHE.

Une pensée… choisie ?… Asseyez-vous… (Il