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BARNAC, (même jeu.)

Je ne crois pas aux médecins… ce qui me rapproche de Molière.

MARTHE.

Tu as tort… Regarde, moi, est-ce que je ferais mes cent soixante sauts, si je ne croyais pas à la médecine ?…

BARNAC.

Ah ! mais toi, pour te faire maigrir, tu boirais vingt verres de vinaigre par jour… Rends ça…

MARTHE.

Ce n’est pas raisonnable !… Alors dix bouffées, pas une de plus… le temps juste de mes soixante derniers sauts… (Elle lui rend le cigare et reprend ses exercices. Lui se met à fumer comme une locomotive emballée.) Ah ! c’est ainsi !… Tu mets les bouchées doubles… Eh bien, alors, vinaigre, vinaigre, vinaigre !… (Elle se met à exécuter un « vinaigre » fou avec la corde.) 30, 31, 32… Oh !… (Elle pousse un cri et s’arrête.) Je me suis tordu le pied… Oh !

BARNAC.

C’est vrai, amour ?… Je suis désolé… (Il pose son cigare sur la table et va à elle, qui s’est assise sur le canapé. Il se met à genoux.) Où donc ?… Fais voir.

MARTHE, (éclatant de rire, se lève et va se saisir du cigare sur la table.)

Ce n’est pas vrai… ce n’est pas vrai !… Il y a coupé !… Je savais bien que tu le laisserais, ton mégot… Tiens, noyons-le dans le thé !… (Elle le fourre dans une tasse à thé pleine, malgré les exclamations de Barnac. Essoufflée.) Et puis pouce ! Éreintée ! Je reprendrai mes exercices tout à l’heure…