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avouais mon amour de la gloire, vous venez de jeter bêtement le premier nom célèbre qui soit passé dans votre cervelle… Et y en-a-t-il de plus célèbre que celui de ce Don Juan, dont je lis en ce moment les mémoires ?

DON JUAN, (d’une voix furieuse.)

Ces mémoires sont apocryphes ! Inès, mes mémoires existent, en effet, mais déposés par moi-même dans le caveau de mon double afin d’identifier la dépouille. J’ai précisément ici l’ami qui assista à toute la funèbre substitution…

INÈS.

Des preuves ! Je ne vous crois pas !

DON JUAN.

Mais, dans huit jours, tout Séville me croira… car je pars dès demain en voyage… Je vais jusqu’à la porte du caveau de famille… Là, je fais sauter la pierre, je brandis les feuillets arrachés et tombe comme un revenant dans le cercle de mes amis ébahis, dans le sein de ma famille, dans la boutique de l’éditeur et dans les draps de ta couche, mon adorée, dans les draps de ta couche !

INÈS.

Quelle folle histoire ! On ne m’abuse pas avee des balivernes !

DON JUAN.

Me croirez-vous si, après avoir résumé à l’avance page à page ce que contient le manuscrit, — un manuscrit admirable, autrement intéressant que ces fariboles ! — je vous prouve, feuillets en mains, que je n’ai pas menti d’un mot ? Aussitôt après, nous bondissons à Madrid. Je vous