Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 11, 1922.djvu/118

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sion parce que, même les jours de marché, il fait assez calme dans cette salle qu’on nous a réservée.

(Pépilla sort dans la salle au fond, rumeurs, cris.)
LE DRAPIER.

D’accord, mais dans la salle à côté, les maraîchers, les muletiers pétaradent à qui mieux mieux.

LE VOYAGEUR.

Bah !… Ça distrait un peu !… (À Récapo.) Depuis des mois, à chacun de mes retours, je vous rencontre à cette table, toujours aussi mélancolique… Vous avez l’air de porter le diable en terre, seigneur Récapo, avec votre rabat taillé dans une aune de lustrin noir, et votre éternel portefeuille sous le bras !… Quoi !… Ne pouvez-vous pas vous émoustiller un peu !

RÉCAPO.

Vous êtes jeune et gai.

LE VOYAGEUR.

C’est mon métier qui l’exige, seigneur Récapo… Je voyage pour le compte d’une maison de briques et, ma foi, je suis déjà beaucoup plus gai que lorsque je voyageais pour le compte d’une maison de piété…

(Pépilla rentre avec un plat.)
LE DRAPIER, (à Pépilla.)

Et notre cher Monsieur Ptolémée… il n’est pas descendu de sa chambre aujourd’hui ?… Nous n’aurons pas l’honneur de dîner avec lui ?

PÉPILLA.

Il attend, au coche de sept heures, un ami qui