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GINETTE.

Mais ne vous excusez pas, Renaudin. Moi aussi, j’aurais voulu vous dire une phrase de départ, vous faire tous mes vœux. Vous m’en aurez donné l’occasion… C’est moi qui vous remercie.

RENAUDIN.

N’est-ce pas, quand on s’en va et qu’on se dit qu’on ne reviendra peut-être plus… (Mouvement de Ginette.) Hé oui, dame, c’est déjà bien beau d’être revenu une fois ! Il ne faut pas être exigeant !… Vous avez été si bonne pour moi toujours pendant mon temps d’hôpital. Je n’aurais pas voulu que vous croyiez que je n’avais pas trouvé un mot vrai de remerciement… le mot du cœur… La timidité m’a toujours serré à la gorge…

GINETTE.

Voyons, vous plaisantez ! Pourquoi remercier ? Ce que nous faisons pour vous c’est si peu de chose en comparaison de ce que vous faites pour nous !… Du reste, il ne faut pas avoir de mauvais pressentiments. Ce n’est pas bien ! Vous êtes un chançard, vous ; vous reviendrez dans quelques mois sain et sauf, et le drapeau en tête !… Je vois mon Renaudin d’ici.

RENAUDIN.

Un chançard !… oui. On dit toujours ça. C’est la phrase…

GINETTE.

Et où partez-vous ?

RENAUDIN.

Ben… Je vais rejoindre mon dépôt à Troyes. Après, naturellement, je ne sais pas où on nous enverra, mais je pense que ce sera du côté de