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GINETTE, (vivement.)

Chut ! taisez-vous… tout à l’heure. (À Germaine.) Dites-moi, Germaine, j’ai une faim du diable, apportez-moi tout de suite du saucisson, du pain, beaucoup de pain.

GERMAINE, (dans les dents.)

Il a augmenté !

LES DAMES.

Ah ! vous devez être si surmenée…

GINETTE.

Non !… je suis creusée… mais pas crevée du tout… Évidemment voilà deux nuits que je ne dors pas… De grands blessés sont arrivés avant-hier.

UNE DAME.

Vous avez l’air un peu fatiguée, Mademoiselle.

GINETTE.

C’est regrettable, car je ne me suis jamais mieux portée. J’ai une vie si merveilleuse, si passionnante !

LA DAME.

Alors vous avez bien voulu préparer quelques dons, comme vous me l’aviez fait espérer !…

GINETTE.

Parfaitement, vous m’excuserez s’il n’y a pas grand’chose ! Ce que j’ai pu récolter… Je vais vous faire apporter ça. (Elle appelle par la galerie.) Jean, dites à Germaine de vous donner le paquet préparé dans l’office avec l’inscription : « Mutualité des Orphelines». (Elle revient vers les dames.) Une seconde, vous permettez ? (À la mère Caraco, bas). Eh bien, vous pouvez les garder vos vingt francs.

LA MÈRE CARACO.

Oh ! merci. Mademoiselle ne s’était pas trompée ?