aussi menaçante. Eh quoi ! serait-il possible que les errements de naguère, cette ardeur héréditaire au dénigrement mutuel qui est une tare des Français, cette espèce d’indolente anarchie que nous connaissons trop, la guerre civile des lettres, la fidélité des haines, un scepticisme d’attitude, la confusion volontaire et dédaigneuse en littérature du pire et du meilleur, notre vieux gérontisme aveugle, stagnant et officiel, tout cet attirail d’intimidation surannée subsiste comme si rien ne s’était produit ? Quoi ? serait-il vraiment possible que, ayant en face de nous le terrible exemple donné par une Allemagne qui sait organiser la hiérarchie de ses valeurs, tant d’expériences ne nous servent pas de leçon et que nous ne profitions pas d’une aussi dure épreuve ? Ouvrons les yeux. Ouvrons les grands et que les vrais écrivains se tendent la main, non pour défendre leur collectivité, mais leur religion en péril, la Raison. Le règne de la force oppressive heurte aux portes de la vieille Byzance. Une représaille éternelle flotte sur la terre. L’odeur nauséabonde du sang et du crime ne fait que s’accroître ; un désespoir monte de l’horizon. Que l’homme intègre reste à son poste de vigie, en attendant que se dissipent les assauts de ténèbres ! Non, la confiance dans le beau, dans le pur, dans le bon et le vrai ne sera pas une vaine espérance ! Ces mots-là sont pour nous l’honneur même de vivre. Nous attendons leur réalisation.
Jamais le grand principe ternaire de nos pères et de nos maîtres n’a resplendi d’un éclat plus radieux, malgré l’ombre implacable où le sang les éclabousse : liberté, égalité, fraternité ! Et c’est le sang des justes qui vient encore de rajeunir ces trois catéchumènes. La route sera longue, mais elle est sûre. En avant, peuples, vers le soleil, là-bas,