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mois, laissait peu de place à l’espérance… Dans nos dernières entrevues, j’ai bien constaté les progrès effrayants de notre dissension ! Renée, pourquoi n’as-tu pas voulu venir chez moi ?…

RENÉE.

C’est que, précisément, ces dernières entrevues avaient été très pénibles… très blessantes aussi, maman !… Tu m’as tenu, contre papa, des propos de plus en plus odieux… Et puis, je n’étais pas assez maîtresse de ma langue !… Tu me faisais parler… j’avais peur de trahir la pensée de papa dans des heures aussi graves où il réclamait le silence et la méditation !…

MADAME DARTÈS.

Oh ! cette phraséologie dans ta bouche !… Je la reconnais ! Je l’ai entendue près de vingt années !…

RENÉE.

Tu vois, toujours, dès les premiers mots, ta haine t’emporte !

MADAME DARTÈS.

Ne t’éloigne pas ainsi… avance !… (Elle lui prend les mains.) Nous deux, Renée… nous deux… devenues des ennemies !…

RENÉE.

Oh !

MADAME DARTÈS.

Des étrangères en tout cas !… Comme c’est triste ! comme c’est lamentable !…

RENÉE.

Je te répète ce que je n’ai jamais cessé de te dire : il ne tient qu’à toi qu’il en soit autrement !… Cède !… Raccommode-toi avec papa !…