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DARTÈS.

Tais-toi, malheureuse…

RENÉE.

Tu m’as repoussée avec une telle colère, un si méchant regard…

(Un temps.)
DARTÈS.

Pardon, mon petit !… Pardonne-moi ma brusquerie… Je suis nerveux !… On le serait à moins.

RENÉE.

Tu m’en veux ?

DARTÈS.

Donne tes mains… donne !… Toi, si bonne… si tendre, toi qui, plutôt que de me quitter, as préféré te brouiller presque avec ta mère, et ne plus la revoir que de loin en loin, toi qui reviens de ces tristes rendez-vous, le cœur gros mais l’esprit toujours aussi résolu, pardonne-moi, cher mignon !… Je n’aurai jamais assez de reconnaissance pour l’amour que tu me prodigues… Je devrais tout te sacrifier, même l’avenir, je le reconnais !… Tu ne peux pas comprendre certains troubles qu’il y a en moi… Certaines raisons que j’ai de me lancer avec fureur dans l’action, et qui me rendent très, très irritable, presque méchant !… Oh ! tes petites mains dans les grandes miennes !…

RENÉE.

Alors, pendant que tous ces gens s’agitent et regardent ta fenêtre, soyons encore nous deux, comme nous l’avons été tous les jours du mois dernier !… tu veux bien ? Tu veux bien ? Joue encore une heure avec moi à être heureux !…

DARTÈS.

Ce que tu voudras !…