Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/272

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

RENÉE, (souriant.)

Perdu… pour vous !…

WHEIL.

Oh ! mademoiselle… pour nous… il y a longtemps qu’il est perdu !… Les convictions, les aspirations qui nous furent communes dans la jeunesse ne sont plus les siennes, hélas ! depuis longtemps !… Et je n’ai jamais cessé pour cela de le respecter profondément !… Votre père le sait. Je garde pour lui, quoique maintenant d’un parti opposé, une très vieille tendresse sentimentale… Et Dartès n’en a jamais douté, j’en suis sûr !

RENÉE.

Vous avez raison… Je l’ai souvent entendu dire : « Au fond, Wheil m’aime beaucoup ! »

WHEIL.

Ah ! vous voyez !… À la bonne heure !… Pour Dieu ! qu’un homme de sa valeur ne se laisse pas chambrer par des agitateurs dont beaucoup ne sont que des farceurs de la plus louche politique d’opposition.

RENÉE.

Mon père n’écoute que sa conscience.

WHEIL.

Au fond, tout est venu de cet article qu’il a écrit contre Gibert !… À ce moment-là ! il était sans dessein politique arrêté !… Le voilà englobé, happé de toutes parts. Tout cela à cause d’un premier article !… C’est l’histoire de ces gens qui ont acheté un beau fauteuil ancien et qui, pour mettre leur maison à l’harmonie du fauteuil, finissent par tout démolir et y employer leur fortune entière !