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poudres !… Je t’ai attendu vainement… C’est moi qui, toute la journée, ai subi les assauts ! Tu as agi comme si je n’existais pas !… À moins que tu n’aies redouté le blâme qui allait infailliblement sortir de ma bouche… c’est encore possible, cela… De toutes façons, mon ami, je te trouve l’air singulièrement moins joyeux que ce matin !… Je me plais à le constater !…

DARTÈS, (comme sortant d’un rêve.)

Oui, c’est vrai, je me rappelle, ce matin, j’étais parti de chez moi heureux !… le cœur léger… presque le cœur en fête !… le cœur d’un enfant qui vient d’accomplir son devoir.

FRÉDÉRIC.

Enfin, nous attendions un signe de vie, au moins !… Notre attitude dans tout ça… y avez-vous pensé ?…

DARTÈS.

Parle, beau-frère !… parle !…

GENEVIÈVE.

Claude, il est nécessaire que tu saches à quel point je désapprouve ta conduite !… Frédéric est de mon avis… Certes, nous t’avons toujours suivi, aidé, et même obéi… quoique nous ayons sur bien des choses des idées dissidentes… Ces malentendus allaient toujours s’accentuant, mais je respectais tes convictions comme j’espérais que tu respectais les miennes !… Jamais je n’aurais cru d’ailleurs que tu en arriverais à infliger un pareil démenti à tout notre passé, à nos doctrines politiques et sociales d’autrefois. Je ne te suis plus, Claude… Je ne te suis plus du tout !…

DARTÈS.

Ne mâche pas les mots !… Tu me renies, n’est-ce pas ?