Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/237

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ça ! Vous êtes un de ces gens qui s’endorment la tête à droite et qui se réveillent la tête à l’extrême-gauche !

DARTÈS.

J’ai évolué !… C’est mon honneur de l’avoir fait. Vous vous trompez, Monsieur ! Mes opinions ont été toujours profondément libérales, mais, aujourd’hui encore, je ne prétends être qu’un écrivain sans parti, qui n’a agi que sous l’empire de sa sincérité ! Quand j’ai vu cette campagne de calomnie s’infiltrant dans toutes les artères du pays, j’ai souffert, en silence d’abord, parce qu’il y avait beaucoup de brebis galeuses. Je me suis contenu. Seulement l’article d’Edouard Gibert dépassait toute mesure, hier… C’était plus qu’un crime de lèse-pensée : un crime de lèse-patrie ! Je n’ai pu retenir mon indignation… J’ai crié ; ç’a été plus fort que moi… Je lui ai dit son fait !… S’il le veut, nous constituerons des témoins.

FURTZ.

Allons donc… C’est puéril !… Ce terrible pamphlétaire va essayer de tomber notre journal… Heureusement qu’il n’a pas de quotidien à sa disposition et qu’il ne dirige que des cahiers bleus hebdomadaires… Mais nous en avons pour des mois de coups de gueule !

DARTÈS.

Que voulez-vous, moi, j’ai poussé le cri de ma conscience !

LUCAYA.

Chaque fois qu’un homme change d’opinion, il dit cette phrase-là !

SAINT-ABBAN.

C’est le premier vagissement de l’anarchisme !