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DARTÈS.

Si vous voulez bien prendre place, je suis à vous. Belleu, avancez des chaises.

(Silence. On se place. Dumontel et Lasserre au bureau de Dartès. Belleu sort.)
LASSERRE.

En qualité de propriétaires du journal, nous avons à vous demander compte de cet extraordinaire article qui a paru ce matin… si contraire à notre indépendance politique, et qui vient de provoquer, dans tout Paris, une émotion indescriptible !… Voici qu’on nous accuse d’avoir vendu le journal à un consortium !… Les désabonnements affluent déjà par télégrammes.

FURTZ.

C’est révoltant, ce que vous avez fait !… Entendez-vous, Monsieur !… c’est révoltant !

DUMONTEL.

Du calme… du calme !… (Désignant Leyrisse.) D’ailleurs, attendons d’être entre nous pour entamer la discussion.

LEYRISSE.

Je vous demande pardon de ne pas m’être retiré, Messieurs. Mais je tiens à dégager ma responsabilité personnelle… J’ai été accusé, je tiens à ce que Monsieur Dartès me disculpe lui-même… Hier soir, à minuit, quand je composais le journal, Monsieur Dartès a envoyé directement l’article à la composition. Il est descendu lui-même à l’imprimerie et a corrigé la première et la deuxième épreuves… en sorte que je n’ai eu aucune défiance. Il n’est parti qu’à deux heures du matin, après la mise en page… Jamais il ne me serait venu à l’idée de suspecter un article de Monsieur Dartès !… Depuis vingt ans que je suis ici, je crois