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CÉCILE, (comme à elle-même.)

Elle s’éveille !

DUARD.

Qui satisfera-t-il dans la nation, ce devoir-là ?

GINETTE.

Qui ? Je vais vous le dire, mon ami !… Il y a aussi un autre peuple qui vit dans des terres humides, remuées… toujours direction du Nord… là-haut… des villages de tumulus… des villages de tombes… un quart de France !…

CÉCILE.

Oui, c’est là qu’il dort… c’est là qu’ils reposent !

GINETTE.

Ils ont besoin qu’on les veille, les pauvres ! Ils n’ont pas fait tout ce qu’ils ont osé faire pour qu’on les abandonne à eux-mêmes ! Il est juste que certains d’entre nous n’éteignent jamais la veilleuse. Que penseraient-ils de nous ?

CÉCILE, (avec un cri, sanglotant.)

Enfin, elle a compris !…

(Elle met sa tête un instant dans ses mains.)
GINETTE.

Il y a bien des femmes chastes qui se consacrent à Dieu ! Pourquoi n’y en aurait-il pas pour se consacrer à eux ? Est-ce que leur divinité n’en est pas digne ?… Et celles comme moi qui ont participé au combat, les vierges guerrières, comme m’appelait Pierre en riant, hélas, celles-là plus que tout autre ! L’esprit des morts doit vivre parmi nous et nous aider à une vie plus haute… Là est la vérité, voyez-vous ! Et j’étais folle de ne pas m’apercevoir que tout mon amour est vécu… Cécile, merci de m’avoir remise dans le chemin lumineux… Cécile, je le jure, j’en prends l’enga-