Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/187

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ça fait jaser encore ces vieilles pimbêches et murmurer les brodeuses de pantoufles de jadis ?…

JULIE.

L’esprit du mal ne s’éteint pas avec le sang des bons, te dis-je…

DUARD.

Je ne veux pas le croire, je veux croire à plus de santé morale de la race, même chez ceux qui n’ont pas su se faire une âme nouvelle avec la guerre ! Il ne devrait plus y avoir qu’une seule préoccupation chez nous, dans le pays : recréer la famille détruite, se précipiter dans le mariage comme dans un devoir… Un mariage, quelle chose sacrée, émouvante, maintenant ! Comment oser en sourire ! Ah ! sapristi, pendant la guerre, l’avons-nous assez annoncé pourtant que ce règne de la vérité arriverait ! Union sacrée des classes, des partis, des… (Il s’interrompt.) Taisons-nous, voilà Ginette. Laisse-moi lui parler, je ne l’ai pas vue seule depuis son arrivée.

(Ginette entre.)
JULIE.

Eh bien ! avez-vous arrangé le volet, ou prenez-vous la chambre d’à-côté ?

GINETTE.

Ma foi ! j’ai pris la chambre bleue qui me convient fort bien. On y transporte ma malle en ce moment.

JULIE.

Je veux aller constater moi-même si tout est en ordre… et vous faire monter une lampe de table plus commode que celle que vous avez.

(Elle sort.)