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GINETTE.

Ah oui ! Je ne sais pas si tu n’étais pas même un peu tire-au-flanc, hein ?

LE 122.

Oh ! Mademoiselle, peut-on dire !

GINETTE.

Oh ! six mois après la guerre, tu peux me le confier. Je ne te signalerai pas au major… Et ce shrapnell ? Est-ce qu’il a fini par sortir ?

LE 122.

Oh ! non ! je ne suis pas un fricoteur, je vous assure… Il est sorti un beau jour, tout seul, et j’ai gardé l’usage de mon bras. Ça, c’est du sacré rabiot !

GINETTE, (lui tendant la main.)

Alors, serre fort !

LA FEMME, (s’approchant.)

Mademoiselle, j’ai une requête à propos de l’ouvroir. Voici une lettre de recommandation.

GINETTE.

Tout à l’heure, tout à l’heure…

UN HOMME, (s’approchant.)

Ah ! c’est vous, Mademoiselle Dardel ! Ah ! ce que j’ai entendu parler de vous. Il paraît que vous en faites du bien et que vous vous dévouez pour les pauvres ! Et que vous travaillez pour nous !

GINETTE, (riant.)

C’est une réputation bien surfaite. Je suis restée un an enfermée à la campagne et Monsieur et Mademoiselle Duard ont bien voulu, depuis, me faire entrer dans quelques bonnes œuvres. On ne travaillera jamais assez pour vous. On n’en fera jamais assez pour vous !