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CÉCILE.

Assassin ! c’est vous qui l’avez envoyé à la mort !

GINETTE.

Non, ne dites pas une pareille chose !… Ce n’est pas vrai ! Cécile !… Croyez-moi !…

(Elle tombe à genoux.)
CÉCILE.

Les preuves sont là… Assassin ! Ah ! comme tout s’éclaire ! Tout vient de me révéler le crime. Non seulement, elle a pris le cœur de mon mari, mais elle m’a pris sa vie ! Et moi je perds les deux à la fois ! Mon Dieu ! mon Dieu !… Je l’apprends en même temps… J’ai tout perdu en une seconde. Mauvaise bête, c’est toi qui me l’as tué. J’ai le droit de te rendre la pareille… J’ai envie de te serrer au cou, mauvaise bête !

GINETTE.

Pardon, pardon, Cécile !… Je ne sais pas ce que vous avez bien pu lire !…

CÉCILE.

Ses cris d’amour à lui et toutes vos lettres à vous… toutes ! Il ne doit pas en manquer une ! Tenez : « Si je meurs, en obéissant à votre voix, Ginette bien-aimée, je me rappellerai que… » (Maintenant, elle effeuille rageusement les papiers.) Oh ! et vos phrases de vos lettres à vous : « Ah ! qu’il était sublime et beau, votre regard, le jour où vous m’avez annoncé… »

GINETTE.

Je ne vous ai pas trompée, Cécile, croyez-moi !…

CÉCILE.

Pas trompée, assassin ! Répétez-le, ce mot ! Vous êtes venue ici sous le toit de l’hospitalité. Je