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relles en présence, modifiées selon le long travail des âges, et prises uniquement à ce point de vue de confrontation entre elles, ces deux pièces parlent aussi des sens différents de la vie dans le Temps, du vieux mystère éternel de la Vie et de la Mort, de l’Amour et de la Haine.

Mais ne serait-on pas tenté de croire à ces mots qu’il s’agit de drames d’Idées ou de haut débat ? Car, tel est l’inconvénient à dépouiller, même par coins, sa pensée qu’elle paraît de suite prédominer non sans quelque pédanterie. Nous indiquons simplement, aux esprits qui aiment s’attarder à leurs lectures, un rapprochement tout facultatif.

Mais, très simples, ces pièces ne débattent ni n’arguent. Elles n’ont d’autre raison d’être que leur rêverie, d’autre philosophie que le charme d’une constatation et ce sont deux courts regards jetés sur les extrêmes de notre humanité.

Une pièce a été réfléchie, pensée minutieusement en toutes ses parties, on ne doit pas conclure que c’en soit l’intérêt principal. Car il n’y a pas d’intérêt principal dans une œuvre qui s’applique à la multiplicité de la vie. L’idée ne doit pas plus déborder que le fait. L’idée doit être contenue, incluse en la matière, s’étendant à tout et jamais hors les choses. Et c’est la tare du drame ibsénien qu’elle y excède la vie.

Plus le drame apparaît simple et dépourvu de haute signification, mieux le vrai but est atteint. Qu’importe si pensées, conceptions chères passent inaperçues ? qu’importe, si ce sont elles qui donnent au spectacle des choses et des êtres ce singulier attrait irrésistible de vérité et de vie profonde ?