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tion de ta part… N’étions-nous pas convenus de tout temps de nous séparer quand il le faudrait, Maxime ? Qu’as-tu besoin de moi ?… Tu trouveras d’autres maîtresses, et facilement plus belles que celle-ci… Sans doute, je sais combien nos heures furent bonnes et commodes pour toi… oui, nous les regretterons chacun de notre côté, Maxime… mais enfin, il n’y a rien là qui puisse motiver cette émotion dans laquelle je te sens… Vrai, je ne te reconnais plus, Maxime !…

MAXIME.

Ah ! c’est que voilà, en effet… tout est changé.

MARTHE.

Que veux-tu dire ?

MAXIME.

Depuis deux mois, nos affaires ont étrangement périclité… À quoi bon te mettre au courant de cela ! Qu’y comprendrais-tu ? Les frais généraux de l’usine, les capitaux engagés, la baisse des cours sur le marché… d’autres troubles plus graves encore dans notre organisation… la concurrence de l’État… enfin, quoi ! la faillite en perspective… Et avec cela, un père imbécile, aveuli par l’âge !… J’ai lutté tout seul… j’ai tenu tête à la débâcle, travaillant à l’excès jour et nuit, minant toute mon