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Le Clavier d’Or. 7

VII
La Fenaison


A Achille Millien.

DÈS l’aube Us faucheurs épars dans la prairie Renversent l’herbe drue en de larges andains ; Parfois grince la faux sous la pierre qui crie ; L’écho répète un bruit clair de sons argentins.

Au lever du soleil, comme une draperie De neige ,le brouillard flotte dans les lointains. Faneuses et faneurs accompagnent Marie, La fille de la ferme aux longs cheveux châtains.

J ’ai suivi tout rêveur la troupe dans la plaine. Marie a su l’amour dont mon âme était pleine , Mais la moqueuse a ri tout bas de ma langueur

Et depuis lors, en juin, le beau mois où l’on fane, Quand j’entends la chanson de quelque paysanne, L’odeur des foins nouveaux me fait un mal au cœur.