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PETITES FILLES

Les infantes madrilènes, goûtant de miel,
Attendent le réveil tardif de leurs poupées,
En silence et en rang, graves, préoccupées
De leur soin puéril et confidentiel.

Elles ont la diligence des caméristes ;
Et, tandis qu’au jardin président les cyprès
Et les jets d’eau baissés qui s’éteignent auprès,
Elles cachent leur rêve en leurs paupières tristes.

Comme à notre semblant de soucieux humains
Qui vivons, dans nos anxiétés, à la garde
D’on ne sait quel éveil mystérieux qui tarde
Et qui rend lourd le poids de l’heure entre les mains,