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LES POTEAUX TÉLÉGRAPHIQUES


Les fils des hauts poteaux commencent à paraître
Sur le ciel blême. Ils sortent de la fraîcheur des nuits,
Tout grelottants dans le matin près de renaître…
Ils filent, pâles, obscurément conduits
En plein ciel… Les alouettes s’éveillent dans les champs…
Comme ils sont fins encore sur les nuages gris !
Les vois-tu se lever, au soleil, sur les monts,
Et descendre leurs flancs désolés, gravement ?
Ils vont ainsi depuis très loin, soir et matin,
Avec leurs grands bâtons enfoncés dans la terre,
Et nul ne sait leur fraternel itinéraire.
Ils ont traversé d’obscures forêts de sapin,